Cadre conceptuel

Cadre conceptuel

Cadre conceptuel

Depuis les années 2000, les impacts environnementaux de l’agriculture dite « industrielle » basée sur l’utilisation massive d’intrants sont tellement importants qu’elle est considérée comme une des forces majeures qui conduisent les activités humaines à dépasser les « limites planétaires » (planetary boundaries). La prise en compte de ces enjeux, combinée à l’apparition de nouveaux acteurs de la gestion des ressources naturelles (ex. organisme unique de gestion de l’eau) et de nouvelles technologies (ex. technologies numériques) et à l’évolution rapide des contextes économiques et socio-politiques conduisent à penser que de nouvelles approches et outils doivent être développés pour l’aide à la décision des acteurs impliqués dans la planification des transitions agro-écologiques et bioéconomiques et la gestion des ressources naturelles.

Pour répondre à cet enjeu, les méthodes d’évaluation et de modélisation intégrées, ci-après IAM pour Integrated Assessment and Modelling, basées sur l’intégration des connaissances dans des modèles et leur utilisation pour évaluer la durabilité de modalités de gestion des ressources naturelles se sont fortement développées. Dans ces approches le terme « intégré » renvoie le plus souvent à l’ambition d’intégrer des connaissances sur une large gamme d’enjeux alors que celui « d’évaluation » renvoie à la volonté de produire des connaissances qui font sens pour les destinataires des travaux.

Dans le domaine de l’agriculture, comme le soulignent Chevassus-Au-Louis et al. (2009)[1] dans leur analyse des enjeux des approches intégrées, l’agronomie, en tant que discipline scientifique, vise à produire une analyse intégrée de l’agroécosystème vu comme un socio-écosystème. Ces auteurs présentent deux grands enjeux associés à l’intégration : (i) mettre en œuvre une approche « holistique » des objets complexes étudiés c.-à-d. prendre en compte les entités et interactions clefs des objets étudiés, et (ii) développer des objets et outils associant de manière fonctionnelle des composants permettant de représenter les propriétés émergentes étudiées (ex. la production d’une exploitation agricole, les débits des cours d’eau). Ils insistent sur le fait que l’intégration peut concerner aussi bien les entités/objets écologiques et sociotechniques que les objectifs de gestion et critères de réussites. Comme le notent ces auteurs la question se pose alors de savoir si l’intégration est un art, « une pratique subjective et intuitive réservée à quelques virtuoses », ou une science.

[1] Chevassus-Au-Louis, B. Génard, M. Glaszmann, J.-C. Habib, R. Houllier, F. Lancelot, R. Malézieux, E. Muchnik, J. (2009). L'intégration, art ou science